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NOIR
17 décembre 2008

CHAPITRE II

Le soleil s'est couché de nouveau sur la dune de ton corps. J'ai perdu mes clefs et je vais être obligé de dormir dehors comme un chien. Pire qu'un chien. Je ne sais pas, je ne sais plus. Faut-il que je me jettes sous une voiture pour que l'on voit la souffrance et le sang. Ou bien dois je me pendre. Mais se pendre coûte cher. Alors je continue à faire du stop. A attendre sans rien savoir. A lire sans rien comprendre et à danser. Surtout danser. Cu nul. Les ombres du mal ont envahis la pièce et le chien aboit. Il a peur et son écuelle est vide. Vide de sens, vide d'amour. Il pleure. La nuit est encore jeune mais elle promet d'être chaude. Les putains sont de sortie. Le putains sordides de mon enfance. Celles des magazines, de la forêt et de la rue. Le souffle court j'arrive devant la porte mais le diable est en retard. Un dîner au restaurant qui s'est prolongé autour de quelques cigares cubains et de vieux cognacs. C'est certain. La télévision m'informe, me déforme, me tue de sa bêtise. Je prie, je me relève. Je crache sur le sol. Mauvais vin, mauvaise vie. Et je les entends encore se plaindre. Sur la longue route, la ligne blanche défile sous mes yeux. La lueur des phares. Le temps gris qui se mine. J'ai passé une main sur sa cuisse. La peau douce. La beauté incarnée. J'ai caressé lentement cette peau de pêche et je me suis brûlée. Bande d'imbéciles. Je ne vous supporte plus. Je peux tuer maintenant. Je le sais. Gratuitement. Juste pour le goût. La lumière s'est éteinte et je sens la crainte monter dans le voisinage. L'humidité à détruit le mur. Les tableaux ont déteint. Blafards, dégueulasses. Et elle brûle et elle danse dans les flammes. Ca lui la fond le visage. Pourriture. La lune blafarde à la cancer. Et moi ça ne va pas tarder. Peut être me réveiller. Peut être me relever. Essayer de survivre à toute cette misère. Mon cerveau comme un steak. Un long steak sanguinolant qui rêve la nuit à de larges épaules, à de beautés païennes. Le reste n'est que supposition et le chien aboiera de nouveau jusqu'au tréfonds du puit. La lumière rouge glisse le long de tes cheveux. Tu es belle. L'abribus est mon refuge. Ma cabane. Mon unique allié. La déraison et la démesure. Je me sens serré. Les oiseaux brûlent mais ils ne font pas de bruits. Ils subissent et c'est déjà ça de pris. Lentement, le terrain glisse et les rochers se retrouvent au bas de l'immeuble. Pas de lumière. Aucune caméra. Et il reste seul dans l'obscurité. Il observe les fourmis qui grimpent le long de l'armoire et il ne peut s'empêcher de penser au temps perdu. A la rue et à ses miroirs. Le satin lui chatouille la plante des pieds. Il est reposé. Le vin coule à flot et il n'est pas question de se lever pour aller courir. Juste observer. Parfois danser. Mais sans soubresaut. De la musique lourde de basse résonnent du club. Et les culs se trémoussent. La transpiration se fait plus présente. La basse frappe au cœur. Les dernières voitures quittent le parking. Un chat écrasé. Et alors ? Il faut que la roue tourne pour tous. Un par un. Il se cure les dents avec une allumette et la lune lui dit bonsoir. La chemise trempée. La cravate noué, il sourit. Et c'est un rire dans les grandes largeurs qui se projette dans la maison. Des odeurs indiennes montent des cuisines où l'on s'affaire. Ce soir ce sera festin. On installe les sièges. Le singe se place au milieu du cercle, entouré par des hommes en cagoule. Ils récitent une première prière incompréhensible par le profane, mais qui fait entrer l'animal en transe. Il se remue, dandine. Puis les mains sont levés au ciel. Le singe fait mine de ne rien voir. Il sent la fin proche. Sans douleur. Sans yeux. Les yeux de dieu. Il allume la caméra. Pose son cul sur nu sur le canapé en skaï mauve et observe l'objectif. Longtemps. Sans rien dire. Cul nu. Un oiseau passe et la pluie se déclare. Comme une offrande. REC REC REC. Entrer, sortir, descendre, remonter, repartir, je t'aime. Tu es si belle. L'opération s'est parfaitement déroulé mais la cicatrice se verra. Pour la vie. Comme un cadeau. Profonde. Rouge et boursouflé. Il la touche. Il voudrait l'embrasser. Il la caresse. Il sent le fil en elle. C'est bon , c'est doux, chaud. La cicatrice. La cicatrice. A vie. sur ce corps si somptueux. Pas de poils juste la haine. Elle entre dans le chiotte turque défait son pantalon, descend sa culotte et urine en riant. Elle repense à toutes ses vieilles histoires censées être droles et qui ne le sont jamais. Jamais. Un taxi s'arrête. Vous allez où ? Où vous voulez ? j'ai de l'argent. Et je paye grassement. La ferme maintenant. Et que la nuit me protege jusqu'à l'aube. Les ronces lui ont marqué le visage. Mais ce n'est rien. Quelques recette de grand-mère et le sauvetage se fera sans dégât. Ni vu, ni connu. Il est là incognito et aucune sévérité à son égard. Il les choisit bien gras. On ne sait jamais, ca peut toujours servir. Bien gras et dociles. Bien pourris aussi. Il reprend un dernier verre. Il sait que la nuit va l'aimer.

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