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NOIR
18 décembre 2008

CHAPITRE I

Il marche et ne regarde jamais derrière lui. Les branches qui lui arrachent le visage sont comme des libellules de printemps. A la fin de la dernière guerre il a vendu son père et sa mère pour quelques sous. Quel dommage, la soupe n'était pas si mauvaise. Derrière le fatras du lit et la ribambelle des bruits obscurs il a négligé sa petite amie. Alors elle le regarde partir dans le noir profond de la nuit. Il s'est levé, il s'est rasé, il a dansé et toute la nuit l'alcool a coulé à flot. Et le son des guitares lui a enveloppé la tête d'un doux drap de satin. Comme à l'accoutumée les rats ont tous mangé. Tous mangé. Rien n'a été laissé au hasard. Rien n'a été laissé à son regard. Avide de chair. Avide de galère. La dernière nuit à été froide et pourtant elle ne s'est pas blotti dans ses bras. L'amour était déjà parti alors elle n'a pas osé. Moi je me suis encore brûlé la main. Peut être que je recherche cette douleur et que le soleil ne m'apaise pas. A l'aurore de ses yeux, j'ai regardé son corps qui me berce de ses mystères. Et la pluie tombe toujours. Je ne peux rien faire. Cela te fait de la peine. Moi elle m'apaise. Encore des hurlements. Toujours. La tristesse, la souffrance et la haine. Elle a acheté ce matin un petit sac en cuir qu'elle porte avec fierté en bandoulière. Ca ne marche pas. Ca ne marchera jamais. Et pourtant ce petit chemin est facile d'accès. Normalement, il suffit de passer par derrière, d'écarter quelques branches et l'on se retrouve facilement devant le château. Et la lune l'éclaire, et la lune danse devant les chevaux, bien rangés, bien peignés. Ficelés comme des paupiettes tendres. J'ai faim et je vais manger. Manger tous. Les galettes et le fromage de chèvre laissés là. A l'abandon, derrière la voiture dans laquelle je dors depuis plusieurs nuits, je rêve de désert de soleil de calme. Et personne. Surtout. Le vide absolu. La nécessité de sentir les vrais parfums. Nue en train de gigoter. Et on me regarde et on se moque. On me viole par la pensée. Sans nécessité. Sans l'animal. Juste pour le principe. La robe est trop petite, trop étriquée. Je m'en fous. Je me fous de tous d'ailleurs. Je m'ennuie. Je m'amuse. Puis je m'ennuie. La pluie, les cris, la nuit. Le dernier train et le voyageur pressé qui dormira sur le quai. Pourri. La cravate noué . les petits chaussures en cuir déposé. Il pue . Et sa femme le croit aux putains. Et il ronfle. La pluie. La pluie coule sur sa joue. Aux putains qu'il ira. Et dans la joie. Fini les bordels dégueulasse. La bouteille. Juste de la beauté. La beauté de la chair assombrie, cramée, démoli. Pour cette expérience, il a pris un rat l'a enfoncé dans une bouteille la tête la première. Obligation de presser. Comme un citron sur le saumon. Il en a tiré des conclusions sordides. Mais il faut bien ça mon bon monsieur n'est ce pas ? Le coucher du soleil sur ton épaule, et le doux bruit de ta bouche sur ma peau. J'ai pleuré et d'autres sont morts. La pluie, les cris, la nuit. Un enfant. Deux enfants. Trois enfants. Quatre enfants. Le sexe à du mal à se refermer. Il reste ouvert béant. Accueillant, mais dégueulant. Mais quoi faire d'autre ? Refuser tous ce qu'une femme peut donner ? Sûrement pas. Et le dur labeur recommence. Et ce réveil me brûle la tête, comme il a brûlé les petites filles pour le principe. La rage. Il fait la queue dans le magasin, le petit sac en cuir en bandoulière, la cravate jaune. Et il attend. Il attend. Il attend. Les bruits, les chaussures. Le tout. Il repense à cet amour d'été. Cette jolie blonde. Belle comme un soleil. La plage, le sel brillant sur sa peau. Dans le journal il a vu qu'il n'avait rien à gagné, alors il s'est assis de nouveau et a observé la foule des gens pressé. De ceux qui ont abandonné. La forêt est son amie. Il le sait. Pourtant il en a rien à faire. La trahison viendra d'elle aussi. Il en l'habitude. Maman, je t'aime. Papa je t'aime. Ah oui oui oui ah non non non. Tu as été un vilain garçon pan pan cul cul. La prochaine fois le professeur lui demandera de lire un poème de Baudelaire. Il baissera son slip, chiera sur le sol verni et sera puni. Emprisonnée. Decerebré. Comme au dernier matin. La pluie. Toujours la pluie. La guerre peut-être. Ca laisse encore un peu de temps pour être heureux, hein ? Et son rire qui résonne dans le parfum. Et ses cuisses qui s'éclatent dans l'escalier. Je suis le chef et le chef à toujours raison. Je suis le chef et je vais te tuer. Pied d'estale. Et toi si fragile. Si seul. Dans le silence de la pénombre qui a déjà fait apparaître les oiseaux rouges. Il ne faut rien attendre. Juste se relever, penser, sans réfléchir. Redescendre, puis remonter. Tourner à droite. Faire un tour sur soi-même. Bien placé l'oreiller et fermer les yeux. Fermer les yeux pour flotter lentement.

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